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Mon amour pourquoi es-tu parti...

" Je ne sais pas, je ne sais plus. J'ai tellement cherché, dans les livres, auprès de grands professeurs, et même au plus profond de mon âme, mais je n'ai rien trouvé. J'ai désespéré de ne pas trouver ce que je désirais. Tant d'années écoulées à chercher en vain, j'aurais pu construire une autre vie, une où je ne serais pas perdue dans une recherche qui n'a servie à rien. J'ai consacré 7 ans, 7 foutues années à comprendre pourquoi il m'avait abandonnée. Oh bien sûr, il m'a dit qu'il devait aller chercher des pantoufles en cuir de Scroupt. Comment une telle chose pouvait-elle exister ? Je ne l'ai bien évidemment pas cru.

Je crois qu'il me trompait depuis un bout de temps maintenant, déguisant ses sorties en rendez-vous d'affaire. Le truc classique, mais il disait qu'il travaillait dans l'immobilier, alors je voulais bien le croire quand aux moments où il disait qu'il devait se dépêcher de partir car on l'attendait quelque part. Je ne savais jamais où il partait. Il ne me le disait pas, et chaque fois qu'il partait j'allais m'occuper de mon bébé. Pas un vrai bébé, je ne pouvais pas avoir d'enfant, j'étais bien atteinte du sida, à un stade qu'on ne pouvait guérir, ayant vu que trop tard la maladie dans mon organisme et je ne voulais pas risquer de transmettre cette maladie à de pauvres personnes qui n'avaient rien demander. Bien sûr, avec mon homme, nous avions que des rapports protégés, ce qui me touchait, il faisait attention à ça, et pourtant je savais qu'il voulait arrêter. Et moi aussi, j'aurais tant voulu porter un enfant, un tout petit bébé, transmettre la vie.

Enfin, là, mon bébé était plutôt un petit palmier, je n'aimais pas tellement les plantes, ni les arbres et tout ça, mais c'est Lui qui me l'a offert, je me suis promis de m'en occuper comme je le ferais avec un enfant. Ce n'est pas la même chose, certes. Mais je nettoyais ses feuilles soigneusement, parce qu'il n'était pas encore pas bien haut, il n'atteignait pas mon épaule. Je chassais les mauvaises herbes qui venaient s'y accrocher, ou encore les insectes qui pourraient nuire à son bon développement.

Bref, pour le moment, j'étais déprimée, et c'est peu dire, mon homme aurait pu s'exiler sur la Lune de Saturne, je pourrais toujours le chercher, encore et encore, malheureusement. Mais je l'aime, il était tout pour moi, je ressemble un peu à une adolescente en mal d'amour qui se construit un vie virtuelle, avec quelqu'un qu'elle n'a jamais vu, mais là, c'est pas pareil. Il était mon souffle, mon oxygène et j'ai tout fait pour le retrouver, j'ai essayer de retourner terre et mer, mais jamais rien ne m'est apparu. Pas un seul indice. D'un coup, ce bonhomme est réellement partit s'installer sur ce satellite. Nan mais c'est pas possible, la Lune de Saturne, elle existe au moins ? Parce que c'est pas tout hein, mais la Lune, je veux bien, pour la planète Terre, mais sinon, sur les autres supposées planètes, je n'étais même pas sûre que ça existe. En même temps, l'astronomie et tout et tout, c'était pas mon trip quand j'avais 15 ans. Je préférais étudier les lettres. Rien empêche l'autre, évidemment, mais bon, je n'allais pas me tracasser avec ce genre de futilités.

Mais où es-tu ? Par pitié, montre-toi, mon amour, mon cœur.. J'ai tant besoin de toi, de retrouver la chaleur de ton corps contre le mien, de sentir tes mains me donner des frissons, d'avoir le goût de tes lèvres sur les miennes.. Tu me manques.. 7 ans d’absentéisme,c'est long, surtout dans mon coeur qui compte chaque jour passé loin du tien. Je tombe de fatigue, ces années ne m'ont pas permis d'avoir l'expérience de la vie. Je ne connais rien, je ne suis même plus sociable, tout le monde me rejette, j'ai peur, mais j'attendrais que tu reviennes vers moi avant de partir rejoindre les anges.

Ce soir, je m'endormirais comme tout les autres, après avoir pris une bonne dose de somnifères et autres médicaments nocifs pour ma petite santé fragile. Oh, je sais que encore bien des années ont passées, je t'ai attendu, seule, aigrie, avec mon petit, tout petit bébé, mais il était temps, je me laissais déjà mourir. Je ne fais qu'achever ce que j'ai commencé il y a de ça 11 ans. Essayer de te retrouver a été ma plus grosse erreur, bousiller du temps précieux pour rien, je regrette mon amour, mais je ne peux attendre, plus maintenant. Je vais aller m'allonger, j'ai pris les médicaments alors que j'étais assise sur mon, notre, lit. En fait, je crois que je n'ai même pas eu le temps de me coucher que je suis tombée en arrière, avant d'avoir pu me glisser sous les draps. Je m'étais faite belle, même si mon corps maigri témoignait des années de malnutrition, je voulais que tu me retrouve comme tu m'aimais.

C'est donc avec une vieille mais néanmoins belle robe de nuit en soie noire dentellée que tu me retrouvera, mes cheveux blancs lâchés dans mon cou,mes yeux ridés, évidement. Mes yeux, mes autrefois magnifique yeux bleus n'étaient qu'un océan de tristesse, se ferment. Je ne vois que du noir, pourquoi seulement du noir ? Je veux revoir ton visage, tes cheveux bruns coupés courts, ta carrure impressionnante. J'attends encore, j'entends des bruits extérieurs, j'ai l'impression que mon bébé me pleure, que ses feuilles s'agitent de chagrin et de mécontentement. Mais mon ouïe n'est plus la même et mon état comateux n'aide en rien. Je me sens soulevée, j'ouvre les yeux pour regarder autour de moi, je vois des choses horribles, mon corps, étalé, sans vie, ou presque, sur un lit qui est le mien. Je vois mon bébé s'agiter, il a mal, je pourrais presque le ressentir, je le vois au travers du rideau, au travers du mur même. Comment cela peut-il être possible ? Je suis un ange, je veux devenir un ange, pas un fantôme, jamais !

Le décors autour de moi se fond pour en devenir un autre, qui me ramène loin dans le temps, il y a 11 ans, jour pour jour. Ce jour où tu m'as laissée, je revis la scène une seconde fois, j'ai mal, des larmes glissent de mes yeux morts, coulent sur mes joues transparentes. Je te revois, toi, si beau, heureux comme jamais, alors que je suis entre tes bras. Soudain, tu te lève, me regarde, et me dis que tu es désolé. Mais de quoi ? Je n'ai jamais compris . Ces douleurs qui me poignardaient le cœur, je m'en souviens encore parfaitement. Je n'ai pas essayé de te rattraper, cependant, j'aurais dû. Je t'ai laissé m'échapper, et je n'en suis consciente que maintenant, une fois que j'ai gâché ma vie à chercher un quelconque signe de ta part.

Je ferme les yeux deux secondes, me retrouve propulsée dans un autre univers, je ne suis pas là, tu y est, toi, par contre, tu es entouré de gens que je ne reconnais pas, que je ne connais pas. Je ne comprends pas. Tu semble être dans un hôpital, mais je ne saurais dire plus. Et pourquoi ce sont tes souvenirs que je vois ? Pourquoi ce n'est pas seulement ma vie qui défile sous mes yeux ? Une légère caresse m'effleure, je me retourne et me retrouve face à un homme qui te ressemble énormément. J'ai peur de découvrir ce qui est arrivé. Tu me prends par la main et m'amène dans un autre paysage. Nous arrivons dans une sorte d'hôtel, vieux et miteux, mais tu y es. Je ne sais pas dans quel pays nous nous trouvons, je n'ai jamais eu de telles vues de toutes ma vie. Bien que ma vie ait été courte, selon un certain point de vue. Je te regarde, cherche des explications, je ne vois que que du trouble. Tu ne pensais pas que je serais devenue cette femme-là ? Tu pensais que j'aurais eu une vie heureuse sans toi ? C'est tout te tromper.

Par une pensée, j'entends ta voix, tellement irréaliste comme situation, je suis censée être morte. Enfin, tu me dis que nous nous trouvons sur Saturne, pour le moment mais que toi, en ange, tu vis sur la Lune de Saturne. J'ai envie de rire, mais mes mâchoires se sont crispées avec le temps, mais qu'elle farce ! Ca n'existait pas, ce n'était pas possible. On ne vivait pas sur une Lune, et encore moins sur la Lune de Saturne. Je te regarde, tu me dis que nous allons me trouver un logement, qui sera le mien pour tout le temps, même pour l'éternité qu'il le sera. Je suis devenue quoi ? Un ange ? Vraiment ? Tu me le promets ?

Tu m'as répondu affirmativement, me disant que oui, j'en étais un, que oui, vraiment et que oui, tu me le promettait. Tu m'explique ta disparition, tu me dis que c'est toi qui m'a transmis le sida, que tu en était à un stade très développé, pire que moi, et que tu ne voulais pas que je te vois mourir petit à petit. C'était une belle action mon amour, j'aurais préféré que tu me prévienne, que je puisse t'accompagner, j'aurais pu faire un deuil, j'aurais pu construire une vie, avec des enfants, et pas seulement un palmier, que j'aurais tout de même gardé précieusement. Imagines-tu le temps, les années que j'ai passer à te guetter ? Tu me réponds que oui, que tu me surveillais chaque jour depuis ton départ du monde réel. Je secoue la tête, je n'y crois pas, tu étais toujours à mes côtés et je t'ai cherché partout.

Tu me prends la main, la pose là où il se trouve être ton cœur, tu me dis qu'il bat encore, pour moi. Soulagée, et malgré mon plutôt vieil âge, je me jette entre tes bras. Tu me serre fort contre toi, j'ai l'impression de rajeunir, ce qui est impossible. Et pourtant, je vois ma peau se tendre, déplier les rides qu'elle formait. Je me retrouve pareille que toi, belle, jeune, avec mon déshabillé de soie. Nous n'avons plus qu'à vivre parmi les anges, mon amour.."

Cette histoire à été écrite en décembre 2011.

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